Marc Gómez del Moral Guasch contre Bankia SA

Avec l’arrêt de grande chambre Gómez del Moral Guasch c. Bankia, (aff. C-125/18), du 3 mars 2020, la Cour de justice de l’Union européenne (ci-après « la Cour) a été appelée  à se prononcer, au titre de l’article 267 TFUE, sur l’interprétation de la directive 93/13 du Conseil concernant les clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs.

Le litige au principal portait sur le caractère prétendument abusif d’une clause relative au taux d’intérêt variable et rémunératoire figurant dans le contrat de prêt hypothécaire que M. Gómez del Moral Guasch avait conclu avec Bankia SA. Dans le cadre de ce litige, le tribunal de première instance de Barcelone a introduit une demande de décision préjudicielle.

En premier lieu, la Cour de justice a affirmé que la clause d’un contrat de prêt hypothécaire conclue entre un consommateur et un professionnel, qui prévoit que le taux d’intérêt applicable au prêt est fondé sur l’un des indices de référence officiels prévus par le droit espagnol potentiellement applicables par les établissements de crédit hypothécaires (les caisses d’épargnes espagnoles), relève du champ d’application de l’article 1, paragraphe 2, de la directive 93/13. Néanmoins, une exclusion est établie si deux conditions sont remplies :«  d’une part, la clause contractuelle doit refléter une disposition législative ou réglementaire et, d’autre part, cette disposition doit être impérative.

En deuxième lieu, la Cour de justice s’est prononcée sur les pouvoirs du juge national, concernant l’interprétation de l’article 4, paragraphe 2, et l’article 8, de la directive au sujet du contrôle de la transparence d’une clause portant sur l’objet principal du contrat. La juridiction espagnole s’interrogeait sur la possibilité pour une juridiction nationale, même en l’absence d’une transposition de cette disposition de la directive dans le droit interne, de contrôler si une clause telle que la clause litigieuse satisfait à l’exigence de transparence édictée par la directive. A cet égard, la Cour de justice a souligné que les clauses contractuelles doivent toujours satisfaire à l’exigence de rédaction claire et compréhensible. Cette exigence s’applique également lorsqu’une clause relève du champ d’application de la disposition précitée et même si l’Etat membre concerné, en l’espèce l’Espagne, n’a pas transposé cette disposition dans son ordre juridique. Il s’ensuit qu’une juridiction d’un Etat membre est toujours tenue de contrôler le caractère clair et compréhensible d’une clause contractuelle portant sur l’objet principal du contrat.

En troisième lieu, la Cour de justice s’est prononcée sur l’interprétation de l’article 4 , paragraphe 2, et l’article 5 de la directive 93/13 portant sur les conditions du respect de l’exigence de transparence d’une clause fixant un taux d’intérêt variable dans le cadre d’un contrat hypothécaire. En effet, une clause doit non seulement être intelligible sur les plans formel et grammatical, mais également permettre qu’un consommateur moyen, normalement informé et raisonnablement attentif et avisé, soit mis en mesure de comprendre le fonctionnement concret du mode de calcul de ce taux et d’évaluer ainsi, sur le fondement de critères précis et intelligibles, les conséquences économiques, potentiellement significatives, d’une telle clause sur les obligations financières. La Cour précise en outre que constituent des éléments particulièrement pertinents à cet égard, d’une part, la circonstance que les éléments principaux relatifs au calcul du taux d’intérêt sont aisément accessibles à toute personne envisageant de contracter un prêt hypothécaire, en raison de la publication du mode de calcul dudit taux ainsi que, d’autre part, la fourniture d’informations sur l’évolution passée de l’indice sur la base duquel est calculé ce même taux.

Enfin, concernant les pouvoirs du juge national lors du constat de l’éventuel caractère abusif d’une clause contractuelle fixant un indice de référence pour le calcul des intérêts variables d’un prêt, au sens de la directive, la Cour de justice a considéré que la directive ne s’oppose pas à ce que le juge national supprime la clause abusive d’un contrat conclu entre un consommateur et un professionnel, en lui substituant une disposition de droit national à caractère supplétif dans des situations dans lesquelles l’invalidation d’une telle clause obligerait le juge national à annuler le contrat dans son ensemble, exposant ainsi le consommateur à des conséquences particulièrement préjudiciables. En effet, une annulation du contrat risquerait d’engendrer des conséquences préjudiciables, comme par exemple de rendre immédiatement exigible le montant du prêt restant dû dans des proportions qui risquent d’excéder les capacités financières du consommateur. Ainsi, le consommateur serait davantage pénalisé que le prêteur.

En guise de conclusion, si une juridiction nationale conclut au caractère abusif d’une clause comme celle dans l’affaire au principal, elle peut, pour protéger le consommateur des conséquences particulièrement préjudiciables susceptibles de résulter de la nullité du contrat de prêt, substituer à cet indice de taux un indice supplétif prévu par la législation nationale.

Jessica BELMONTE, Rôle de la Cour de justice et des juridictions nationales dans l’interprétation et l’application  des contrats de prêts hypothécaires, actualité du CEJE n° 11/2020, disponible sur www.ceje.ch

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Un cadre européen pour l’intelligence artificielle

Les législateurs de l’Union européenne (UE) réfléchissent à la meilleure façon de légiférer sur l’utilisation de la technologie de l’intelligence artificielle (IA), en cherchant à maximiser les possibilités pour les citoyens de l’UE de bénéficier de cette technologie, tout en limitant les risques. Le Parlement doit voter lors de sa session plénière d’octobre II sur trois rapports d’initiative de la commission des affaires juridiques (JURI) dans les domaines de l’éthique, de la responsabilité civile et de la propriété intellectuelle (PI).

Contexte

L’intelligence artificielle (IA) est une technologie prometteuse qui combine des techniques d’apprentissage par machine, la robotique et des systèmes de prise de décision automatisés. On prévoit que les applications de l’IA auront un large éventail d’effets positifs sur la société et l’économie, notamment dans le secteur des soins de santé pour lutter contre les pandémies, ou dans le secteur des transports pour guider les véhicules autonomes. Parallèlement, les caractéristiques de l’IA, notamment l’opacité opérationnelle (« effet boîte noire ») et le comportement partiellement autonome, comportent un certain nombre de risques potentiels pour les droits fondamentaux des citoyens de l’UE (par exemple, prise de décision biaisée et discrimination) qui peuvent avoir des conséquences négatives, par exemple, dans le contexte de l’application de la loi et de la sécurité et de la responsabilité des produits. Dans ce contexte, les législateurs de l’UE examinent comment encourager et réglementer l’IA.

Proposition de la Commission européenne

La Commission a défini une stratégie en matière d’IA en 2018, qui aborde les aspects socio-économiques de l’IA, et a convenu d’un plan coordonné avec les États membres de l’UE pour aligner les stratégies visant à promouvoir le développement de l’IA en Europe. La Commission souhaite développer une approche de l’IA centrée sur l’homme et respectueuse des valeurs et des principes européens. En 2019, la Commission a publié ses lignes directrices non contraignantes sur l’éthique en matière d’IA, qui définissent sept exigences clés que les développeurs d’IA doivent respecter (à savoir l’agence humaine et la surveillance, la robustesse et la sécurité techniques, la gouvernance de la vie privée et des données, la transparence, la diversité, la non-discrimination et l’équité, le bien-être de la société et de l’environnement, et la responsabilité). En outre, un livre blanc de la Commission, publié en 2020, souligne la nécessité d’éviter une fragmentation des approches nationales, de soutenir le développement et l’adoption de l’IA dans l’économie de l’UE, et prépare le terrain pour des propositions législatives.

La Commission a organisé une consultation publique sur le livre blanc entre février et juin 2020. Les parties prenantes des secteurs public et privé soutiennent largement la révision de la directive sur la responsabilité du fait des produits et des règles nationales en matière de responsabilité, afin de couvrir les risques créés par l’utilisation de systèmes d’IA et de garantir une indemnisation en cas de dommage. En outre, l’opinion selon laquelle un nouveau cadre réglementaire pour l’IA est nécessaire, afin de compléter la législation applicable (par exemple, les régimes de protection des consommateurs, de protection des données et de respect de la vie privée), est largement partagée.

La Commission propose, en particulier, de mettre en place une évaluation préalable de la conformité des systèmes d’IA « à haut risque » afin de vérifier leur conformité avec une série de nouvelles exigences (à savoir la robustesse, l’exactitude et la reproductibilité, la gouvernance des données, la responsabilité, la transparence et la surveillance humaine) avant leur entrée dans le marché intérieur de l’UE. En parallèle, la Commission cherche à évaluer le cadre de la PI pour améliorer l’accès aux données et leur utilisation, ce qui est essentiel pour la formation des systèmes d’IA.
L’une des questions clés pour les législateurs est de définir des critères clairs permettant de différencier les applications d’IA à « faible risque » et à « risque élevé ».

La Commission propose une approche fondée sur le risque, selon laquelle une application d’IA donnée doit être considérée comme à haut risque si le secteur cible (par exemple, les soins de santé) et l’utilisation prévue comportent tous deux un risque important (par exemple, blessure, décès). En outre, certaines applications d’IA, telles que la reconnaissance biométrique, seraient toujours considérées comme présentant un risque élevé. Toutefois, l’approche de la Commission est controversée. Certains universitaires soulignent que la définition de « risque élevé » doit être clarifiée, tandis que d’autres s’interrogent sur la faisabilité d’une distinction solide entre les applications à « faible risque » et à « risque élevé », basée sur le risque anticipé de technologies données, et suggèrent d’adopter plutôt une approche de gestion des risques, où la partie la plus apte à contrôler ou à atténuer les risques serait considérée comme légalement responsable.

Position du Parlement européen

Le Parlement a déjà adopté une série de résolutions dans le domaine de l’IA, notamment sur les règles de droit civil en matière de robotique. Le Parlement a également mis en place une nouvelle commission spéciale sur l’intelligence artificielle à l’ère numérique (AIDA). La commission JURI a adopté trois rapports sur l’IA le 1er octobre 2020.


Un cadre des aspects éthiques de l’intelligence artificielle, de la robotique et des technologies connexes


La commission JURI a adopté son rapport d’initiative législative (rapporteur: Iban García del Blanco, S&D, Espagne) par 20 voix pour, aucune voix contre et 4 abstentions. Le rapport recommande notamment que la Commission établisse un cadre juridique européen complet et évolutif de principes éthiques pour le développement, le déploiement et l’utilisation de l’IA, de la robotique et des technologies connexes – y compris les logiciels, les algorithmes et les données – dans l’Union. La Commission devrait également intégrer une série de principes directeurs sur l’IA à haut risque, la robotique et les technologies connexes dans sa législation à venir, y compris la surveillance humaine, la transparence, la responsabilité, la non discrimination et la non partialité, la responsabilité sociale et l’égalité des sexes, la durabilité environnementale et les considérations relatives à la vie privée. La législation européenne devrait en outre imposer une série d’exigences aux technologies à haut risque, c’est-à-dire aux technologies qui présentent un risque important de causer des blessures ou des dommages et qui sont en violation des droits fondamentaux et des règles de sécurité de l’UE. La Commission devrait élaborer des orientations communes en la matière et dresser une liste des secteurs à haut risque (par exemple, l’emploi, les soins de santé) et des utilisations à haut risque (par exemple, le recrutement, la conduite automatisée, les processus électoraux) qui devrait servir à identifier les technologies d’IA à haut risque soumises à une évaluation de conformité. Le Parlement propose que les autorités nationales délivrent un certificat européen de conformité éthique si ces technologies sont conformes à des principes directeurs communs, notamment en matière de sécurité et de droit de recours.


Régime de responsabilité civile pour l’intelligence artificielle


La commission JURI a adopté son rapport d’initiative législative (rapporteur: Axel Voss, PPE, Allemagne) par 20 voix pour, aucune voix contre et 4 abstentions. Le rapport recommande notamment l’adoption d’un cadre juridique horizontal et harmonisé pour les actions en responsabilité civile, avec un nouveau règlement énumérant les systèmes d’IA à haut risque et les secteurs critiques dans lesquels ils sont utilisés. La Commission devrait – avec l’aide du comité technique permanent pour les systèmes d’IA à haut risque – revoir et modifier cette liste tous les six mois, si nécessaire par un acte délégué. Le rapport propose que les exploitants d’un système d’IA à haut risque soient soumis à une responsabilité objective pour tout dommage ou préjudice causé par une activité, un dispositif ou un processus physique ou virtuel piloté par ce système d’IA et soient soumis à un régime d’assurance obligatoire. De même, la responsabilité stricte s’appliquerait aux systèmes d’IA qui provoquent de manière répétée des incidents entraînant des dommages ou des préjudices graves (même pour ceux qui ne sont pas classés comme étant à haut risque). Les systèmes d’IA qui ne sont pas classés comme des systèmes d’IA à haut risque resteraient en principe soumis à la responsabilité pour faute, à moins que des lois nationales plus strictes et une législation sur la protection des consommateurs ne soient en vigueur. Le nouveau régime de responsabilité civile devrait couvrir les atteintes à la vie, à la santé, à l’intégrité physique et aux biens ainsi que les préjudices immatériels importants qui entraînent une perte économique vérifiable. Le droit communautaire devrait déterminer le montant et l’étendue de l’indemnisation, ainsi que le délai de prescription pour introduire une action en responsabilité. La nécessité de modifier en parallèle la directive sur la responsabilité du fait des produits doit être évaluée.


Droits de propriété intellectuelle (DPI) pour le développement des technologies de l’intelligence artificielle


La commission JURI a adopté son rapport d’initiative (Rapporteur : Stéphane Séjourné, Renouveau Europe, France), par 19 voix pour, 3 contre et 2 abstentions. Le rapport recommande notamment que la Commission réalise une étude d’impact sur les implications de l’IA et des technologies connexes dans le cadre du système actuel de droit des brevets, de protection des marques et des dessins et modèles, de droits d’auteur et de droits connexes, y compris la protection juridique des bases de données et des programmes informatiques, et de « secrets commerciaux ». La législation de l’UE doit être modifiée si nécessaire. La Commission doit soutenir la normalisation, qui joue un rôle clé dans le développement et la diffusion des nouvelles IA et des technologies connexes, et créer un espace européen des données équilibré pour favoriser la libre circulation, l’accès, l’utilisation et le partage des données, tout en protégeant les DPI et les secrets commerciaux.


Rapports d’initiative législative 2020/2012(INL), 2020/2014(INL) et rapport d’initiative 2020/2015(INI) ; commission(s) compétente(s) : JURI ; Rapporteur(s) : I. García del Blanco (S&D, Espagne), A. Voss (PPE, Allemagne), S. Séjourné (Renew, France).


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Protéger et renforcer la démocratie

Le Parlement européen (PE) a adopté une résolution lors de sa session plénière à Bruxelles sur l’établissement d’un mécanisme de l’UE pour protéger et renforcer la démocratie, l’Etat de droit et les droits fondamentaux. Les députés ont demandé un mécanisme fondé sur des preuves afin de garantir que l’Union puisse véritablement défendre son ordre juridique, les droits fondamentaux des individus et la crédibilité internationale de l’Union contre la « dilution des valeurs européennes ». Selon la résolution adoptée par 521 voix pour, 152 voix contre et 21 abstentions, le mécanisme fonctionnerait sur un pied d’égalité pour tous les États membres, de manière équitable et impartiale, tout en respectant le principe de proportionnalité.


Les députés qui soutiennent la création de ce mécanisme s’inquiètent du « renforcement et de la consolidation des tendances autocratiques et illibérales », exacerbées par l’épidémie de coronavirus et la corruption, la désinformation et « l’emprisonnement d’Etat » dans de nombreux Etats membres, selon la résolution. Selon eux, le mécanisme est nécessaire parce que l’union n’a pas les moyens de faire face à la « crise sans précédent et croissante » de ses valeurs fondamentales.


Ceci est également indiqué par le fait que le Conseil de l’Union européenne n’a pas été en mesure jusqu’à présent de faire des progrès substantiels dans les procédures prévues à l’article 7 du traité UE, de sorte que « la politique de la voie spéciale puisse se poursuivre sans entrave ». Ils ont déclaré qu’un accord était nécessaire entre les institutions de l’UE sur un cycle d’examen de la validité des valeurs européennes.
« Le nouveau cycle de suivi annuel fondé sur des recommandations spécifiques par pays devrait assurer simultanément la prévention et la correction des infractions ».
En outre, ils estiment que des mesures spécifiques liées à des délais et à des objectifs devraient être définies, conformément, entre autres, aux procédures de l’article 7, aux procédures d’infraction et à l’État de droit pour le versement des ressources budgétaires de l’UE dès leur entrée en vigueur. Selon la résolution, le mécanisme proposé par le PE consoliderait et remplacerait les instruments existants, y compris les rapports de la Commission sur l’état de droit.

Dans une déclaration au MTI, le député européen Fidesz Balázs Hidvéghi a souligné que le Parlement européen demandait à la Commission européenne d’établir une nouvelle procédure d’État de droit qui permettrait aux États membres de faire du chantage politique. En plus d’élargir le concept d’État de droit, il donnerait également aux États membres le pouvoir d’enquêter et de sanctionner les faux experts indépendants et les organisations non gouvernementales.


La majorité de gauche au Parlement européen utiliserait tous les moyens pour faire pression sur ceux qui pensent autrement. L’objectif est clairement de continuer à faire chanter les gouvernements qui poursuivent des idéologies qu’ils n’aiment pas dans le cadre de l’État de droit.

L’instrument de soutien à la solvabilité

Proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (UE) 2015/1017 en ce qui concerne la création d’un instrument de soutien à la solvabilité

En mai 2020, la Commission européenne a adopté une proposition relative à un instrument de soutien à la solvabilité. L’objectif est de soutenir les entreprises de l’Union, par ailleurs viables, qui sont confrontées à des difficultés de solvabilité en raison de la crise du coronavirus, et d’atténuer les éventuelles distorsions du marché unique et de ses conditions de concurrence équitables.

De telles distorsions sont prévisibles étant donné le degré variable de l’impact sur les États membres et l’inégalité probable de leurs réponses, qui peuvent dépendre de leur capacité fiscale et de leur niveau d’endettement. La Commission propose d’augmenter la garantie fournie à la Banque européenne d’investissement dans le cadre du Fonds européen d’investissement stratégique et de l’utiliser pour soutenir les intermédiaires financiers, qui sélectionneront ensuite les entreprises pouvant bénéficier d’une aide à la solvabilité.

Lors de la réunion du Conseil européen de juillet 2020, les chefs d’État ou de gouvernement de l’UE n’ont pas repris l’idée de l’instrument de soutien à la solvabilité. Tant le Parlement européen que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, l’ont regretté. Poursuivant l’examen de la proposition au Parlement, les co-rapporteurs ont publié un projet de rapport dans lequel ils proposent d’élargir le champ des sociétés éligibles et de garantir une répartition géographique équitable.

Situation actuelle

Le Fonds européen d’investissement stratégique (EFSI) est une garantie basée sur le budget de l’UE et gérée par le groupe de la Banque européenne d’investissement (BEI). Le groupe finance des projets à haut risque en utilisant son effet de levier et sa notation de crédit la plus élevée. Un comité d’investissement indépendant décide, sur la base de critères transparents et accessibles au public, de l’éligibilité des projets au soutien du FESI. Il n’y a pas de quotas limitant l’aide par secteur ou par État membre et le financement est déterminé par la demande du marché. Les derniers chiffres montrent que le total des investissements liés aux approbations de l’EFSI s’élève à ce jour à 524 milliards d’euros. Le financement se concentre sur les petites entreprises, la numérisation, la recherche, le développement et l’innovation, et l’amélioration de l’efficacité énergétique. Au total, ces secteurs représentent 89 % des investissements de la Banque

Éléments comparatifs

La crise du coronavirus a entraîné des niveaux sans précédent d’aides d’État accordées par les États membres. La Commission a adopté un encadrement temporaire des aides d’État pour faire face aux difficultés économiques, qui a été modifié à trois reprises pour permettre un soutien public souple et étendu au niveau national. La Commission a autorisé cinq types d’aides différents:

  • Les subventions directes, les avantages fiscaux sélectifs et les avances jusqu’à 800 000 euros par entreprise
  • Les garanties d’État pour les prêts
  • Instrument de soutien à la solvabilité3 pris par les entreprises auprès des banques
  • Des prêts publics bonifiés à faible taux d’intérêt aux entreprises
  • Des garanties pour les banques qui dispensent des aides d’État à l’économie réelle
  • Une assurance-crédit à l’exportation à court terme.

Les modifications de mai ont clarifié les critères selon lesquels les États membres peuvent accorder des recapitalisations et des dettes subordonnées aux entreprises qui en ont besoin, tout en protégeant l’égalité des conditions de concurrence dans l’UE. Les modifications de juin ont permis aux États membres d’accorder une aide publique à toutes les micro et petites entreprises qui comptent moins de 50 employés et dont le chiffre d’affaires annuel et/ou le total du bilan annuel est inférieur à 10 millions d’euros. Toutefois, les montants des aides d’État versés par les États membres peuvent varier dans une large mesure, ce qui crée des risques asymétriques pour l’unité et la cohérence du marché unique. En d’autres termes, les difficultés et les inégalités sont aggravées par le fait que la capacité des États membres à fournir des aides d’État diffère fortement. Le fait que certains États membres ne disposent pas d’une capacité budgétaire suffisante pour apporter un soutien adéquat aux entreprises qui en ont besoin peut conduire à des conditions de concurrence inégales. Ce manque de capacité à aider les entreprises viables peut également conduire à des distorsions systémiques, créant de nouvelles disparités ou renforçant celles qui existent déjà.

La position de départ du Parlement

Dans sa résolution du 15 mai 2020, le Parlement a souligné qu’un plan de relance d’une ampleur de 2 000 milliards d’euros doit transformer l’économie de l’UE et renforcer sa résilience. Cela devrait se faire par la mise en commun des investissements stratégiques, en mettant l’accent sur le soutien aux PME et l’augmentation des possibilités d’emploi et des compétences afin d’atténuer l’impact de la crise sur les travailleurs, les consommateurs et les familles. Dans sa sous-résolution sur les conclusions du Conseil européen extraordinaire des 17-21 juillet 2020, le Parlement a critiqué les réductions massives du volet « subventions », et en particulier l’annulation par les chefs d’État ou de gouvernement de programmes innovants comme l’instrument de soutien à la solvabilité. Il a insisté sur le fait que ces réductions réduiront la puissance de feu de l’instrument de relance et son effet transformateur sur l’économie. Les négociateurs du Parlement ont averti que son consentement ne devait pas être considéré comme acquis.

Les changements que la proposition apporterait

La proposition d’instrument de soutien à la solvabilité a été adoptée par la Commission le 29 mai 2020. Son principal objectif est de contribuer à prévenir les faillites d’entreprises viables qui ont été profondément et négativement touchées par la crise du coronavirus. Elle vise également à contribuer à la réalisation des priorités de l’UE que sont la double transition verte et numérique et le soutien aux activités économiques transfrontalières en Europe, ainsi qu’à renforcer la dimension sociale et la convergence de l’Union.

Les financements proviendraient de fonds collectés conjointement par l’UE sur les marchés financiers au moyen de l’instrument de relance. Ils serviraient à étendre la garantie de l’UE fournie au groupe de la Banque européenne d’investissement (BEI) dans le cadre du Fonds européen d’investissement stratégique (EFSI). La Commission propose que la garantie actuelle soit augmentée de 66 milliards d’euros aux fins de l’instrument, pour atteindre un total de 92,4 milliards d’euros. La Commission estime que cette augmentation nécessite un taux de provisionnement de 50 % des obligations de garantie de l’UE. Cela signifie que le budget de l’UE devrait fournir environ 33,2 milliards d’euros. Grâce à cette garantie de 66 milliards d’euros, l’instrument devrait permettre de mobiliser 300 milliards d’euros pour l’économie réelle.


L’instrument constituerait un guichet séparé dans le cadre de l’EFSI pour attirer les capitaux privés. La garantie accrue serait utilisée par le groupe BEI pour fournir des investissements, des garanties ou des financements à des intermédiaires financiers (tels que des fonds de capital-investissement, des véhicules à usage spécifique, des plateformes d’investissement ou des banques promotionnelles nationales).

Des gestionnaires de fonds ou de véhicules indépendants procéderaient ensuite à une sélection d’entreprises éligibles présentant des perspectives de rendement adéquates, en appliquant une logique commerciale. L’intervention publique, bien que basée sur ces conditions commerciales, vise à attirer les investisseurs privés en diminuant leur risque. L’instrument devrait principalement canaliser le soutien à la solvabilité par l’intermédiaire de ces intermédiaires du marché financier (qui devraient également être établis et opérer dans l’UE pour être éligibles à l’ISS), et ne permettre qu’exceptionnellement un soutien direct aux entreprises par le groupe BEI Le comité directeur de l’ISSE, nommé par la Commission et la BEI, jouerait un rôle clé dans la structure de gouvernance de l’instrument.

Ses membres seraient composés de trois représentants de la Commission, d’un représentant de la BEI et d’un observateur du Parlement européen. Ce conseil fixerait les lignes directrices en matière d’investissement et procéderait à des examens trimestriels de l’instrument. Il désignerait également le comité d’investissement pour trois ans, qui serait composé de huit experts financiers et dirigé par le directeur général. Ce comité approuverait les décisions, proposées par le personnel de la BEI, concernant les intermédiaires financiers qui devraient bénéficier de l’instrument.

Les États membres ne participeraient pas à la prise de décision concernant la garantie de l’EFSI, mais pourraient co-investir et créer des plateformes et des véhicules spéciaux. L’EFSI serait ouvert à tous les États membres et à tous les secteurs couverts par l’EFSI, mais en mettant davantage l’accent sur ceux qui sont les plus touchés économiquement par la pandémie et où les mesures nationales de soutien à la solvabilité sont plus faibles. Le comité directeur de l’EFSI fixerait des limites de concentration géographique afin de garantir que la répartition des investissements corresponde à ces principes et ne soit pas concentrée dans un nombre limité d’États membres.

L’instrument ne serait pas accessible aux entreprises qui connaissaient déjà des difficultés financières à la fin de 2019, avant l’apparition du coronavirus. Selon la proposition, les entreprises « sont encouragées à se conformer, dans la mesure du possible, à des garanties sociales et environnementales minimales de haut niveau, conformément aux orientations fournies par le comité directeur. Ces orientations devraient comprendre des dispositions adéquates pour éviter des charges administratives excessives, en tenant compte de la taille des entreprises et en prévoyant des dispositions plus légères pour les PME.

Les entreprises ayant un certain niveau d’exposition à une liste prédéfinie d’activités nuisibles à l’environnement, en particulier les secteurs couverts par le système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE), sont encouragées à mettre en place, à l’avenir, des plans de transition verte. Les entreprises sont également encouragées à progresser dans leur transformation numérique.

Une assistance technique sera disponible pour aider les entreprises à effectuer ces transitions. « Le SSI est conçu comme un instrument temporaire lié aux difficultés résultant de la crise du coronavirus. La Commission a indiqué son souhait de le mettre en place dès que possible en 2020 et de le déployer à pleine capacité dans le courant de 2021, la période d’investissement se terminant en 2024. Toutefois, elle a insisté pour que 60 % des opérations de financement et d’investissement soient déjà approuvées avant la fin de 2022.

Procédure législative

Au Parlement européen, le dossier a été confié aux commissions des affaires économiques et monétaires (ECON) et des budgets (BUDG), conformément à l’article 58 du règlement (procédure de comité mixte), et aux commissions de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI), de l’industrie, de la recherche et de l’énergie (ITRE) et des transports et du tourisme (TRAN) en tant que commissions associées (article 57).

Les trois rapporteurs ont publié leur projet de rapport le 29 juillet 2020. Ils ont proposé d’élargir les critères d’éligibilité pour inclure également les entreprises nouvellement créées avant la fin de 2020, qui ont acquis ou gèrent des actifs ou des branches d’entreprises en difficulté (comme le précise l’encadrement des aides d’État en vigueur à la fin de 2019), pour autant qu’il y ait eu un changement de direction. En outre, dans des conditions spécifiques, les micro- ou petites entreprises qui étaient déjà en difficulté au 31 décembre 2019 devraient également être éligibles, puisque l‘encadrement temporaire des aides d’État de mars 2019 permet de les aider.

Le projet de rapport invite la Commission à établir des indicateurs et une méthodologie (par le biais d’actes délégués), sur la base desquels le comité directeur devrait fixer des limites de concentration géographique spécifiques pour le guichet d’appui à la solvabilité. Ces limites pourraient être actualisées au fil du temps. Il précise également une liste détaillée de dispositions de bonne gouvernance fiscale concernant les intermédiaires financiers ou les véhicules et bénéficiaires éligibles agréés (comme le fait de ne pas être résident fiscal dans des juridictions non coopératives). Les rapporteurs proposent également que les co-investisseurs privés soient exposés à une part significative des pertes et que la dette subordonnée soit ajoutée à la boîte à outils de l’instrument.

En outre, les entreprises qui bénéficient d’un financement supérieur à 30 millions d’euros ou plus, devraient être soumises à des restrictions sur les paiements de dividendes, la rémunération des seniors et les rachats d’actions pendant la durée de la garantie. Le projet de rapport propose de faire passer de 1 000 000 à 1 500 000 euros le montant nécessaire pour soutenir la création et la gestion de fonds d’investissement, de véhicules à finalité spécifique et de plateformes d’investissement.

Pour couvrir les dépenses qui auraient été supportées par les bénéficiaires des opérations de financement et d’investissement, mais qui ne pourraient être recouvrées en cas de défaillance, la BEI utilise la garantie de l’UE dans une limite maximale cumulée correspondant à 1 % du total des obligations de garantie de l’UE en cours. Les rapporteurs demandent que la BEI fasse régulièrement rapport au Parlement européen et au Conseil sur les progrès, l’impact et le fonctionnement de l’instrument.

La Commission devrait faire rapport annuellement sur la situation du fonds de garantie. Les bénéficiaires et les intermédiaires financiers dont le chiffre d’affaires net consolidé est supérieur ou égal à 750 000 000 € devraient établir des rapports annuels gratuits et accessibles au public sur les informations relatives à l’impôt sur le revenu. 197 autres amendements proposés par d’autres députés ont été publiés le 27 août 2020. Ceux-ci couvrent toutes les parties de la proposition, y compris: des options pour élargir l’objectif et le champ d’application du SSI, assurer une répartition équitable des fonds, des propositions pour des secteurs économiques spécifiques à prioriser, des limites et des interdictions sur la rémunération des dirigeants, les primes et les dividendes, des idées pour les engagements exigés des sociétés couvertes par le SSI et les plans de transition verte, des mesures pour empêcher l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent, la fraude et les abus, assurer l’alignement avec les objectifs plus larges de l’UE et les obligations de déclaration.

La commission ITRE a adopté son avis le 2 septembre 2020, en s’attachant à rendre l’instrument plus ciblé sur le sauvetage et la création d’emplois plus durables ainsi qu’à aider les PME, également à relever les défis de leur transformation verte et numérique. Elle a également proposé que les opérations de l’instrument soient alignées sur une liste plus large et plus claire de priorités politiques de l’UE.

La commission ENVI a adopté son avis le 3 septembre 2020. Elle a proposé que l’instrument contribue de manière continue à la réalisation des objectifs climatiques, énergétiques et environnementaux de l’Union. La majorité des entreprises soutenues devraient être des PME.

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